Un grand honneur - Zelda

Un matin, le valeureux facteur parcourant les terres d'Hyrule sans cesse et sans relâche est passé au Ranch, nous apportant notre courrier. En général, il n'y a pas grand chose. D'ailleurs, la plupart du temps, nous n'avons même rien. Il passe simplement afin de nous saluer et parler de la pluie et du beau temps. Mais là, il avait une nouvelle très spéciale à m'annoncer. Une lettre de la plus haute importance, cachetée par de la cire rouge. Elle m'était adressée. Même mon père était sorti de sa torpeur et attendait impatiemment que je lui explique ce qui était écrit.
Je crus  m'effondrer sous la nouvelle. La Princesse Zelda me demandait au Château d'Hyrule afin d'avoir une discussion équestre. Apparemment, elle avait entendu parler du Ranch Lon Lon et me demandait de dresser sa future monture... Mais elle préférait parler de cela au Château en tête à tête.

Sans attendre une seconde de plus, j'avais empaqueté toutes mes affaires nécessaires et j'avais sellé notre étalon le plus rapide avant de partir au Château. Depuis les hauteurs du Ranch, on pouvait l'apercevoir. Ca n'était même pas à 1h de trajet en cheval. Je ne comptais pas faire attendre la Princesse une minute de plus et même si le stress me compressait l'estomac, je n'avais pas reculé face à cette proposition qui était pour moi un réel honneur. Elle mettait là en avant tout ce dont j'avais travaillé depuis des années. Je sentais que c'était le couronnement de tous mes efforts. L'appréhension de traverser la Plaine m'avait totalement quitté, je ne pensais plus qu'à une chose: rencontre la Princesse Zelda. La femme dont on parle à travers tout le Royaume. J'allais avoir la chance de la rencontrer.
J'arrivais rapidement au Château. J'entrai à l'intérieur de la Citadelle que je ne connaissais que trop bien. Enfant, j'y venais souvent avec mon père afin de vendre les produits du Ranch. Aujourd'hui, il s'y rendait seul mais la ville n'avait changé en rien. Toujours la même ambiance chaleureuse, paisible, appréciable. Je m'y sentais bien et en temps normal je m'arrêtais sur chaque détail afin de l'apprécier au mieux. Aujourd'hui, tout était différent et je faisais de mon mieux afin de ne pas renverser des gens sur mon passage.

Arrivée face au Château, c'est fière que je brandis ma lettre d'invitation signée par la Princesse elle-même. Descendant de mon cheval, on me dit que les écuyers allaient s'en charger pour moi durant mon absence. Je ne refusai pas, bien que je n'appréciais pas savoir mes montures entre les mains d'inconnus. Néanmoins, au Château, je pouvais avoir confiance au personnel. Je me ravisai et on m'indiqua la direction à prendre. Je n'avais jamais été aussi proche du Château. J'étais éblouie par tant de beauté et de grandeurs. Il était tout simplement immense. Je n'osais même pas le comparer avec le Ranch, tant les comparaisons étaient ridicules. Je m'arrêtai quelques instants de plus dans ma contemplation avant d'entrer. Mais ce n'était que pour être plus épatée encore. Les décorations, les tapisseries, les vitraux, les armures de chevalier, j'étais totalement déboussolée, dans un autre monde. Jamais je n'avais connu autant de grandeur. Je me sentais si petite dans ce géant de pierre. D'ailleurs, il faisait frais dans les couloirs et un frisson me remonta l'échine en apercevant l'immense porte de bois qui menait à la salle du trône où je devais rencontrer Zelda.

Alors, j'entrai dans la salle, tout aussi immense que tout le reste du Château. Ici, tout est démesuré et je me sentais minuscule. Au fond de la pièce, au bout d'un long tapis rouge, se trouvait une petite estrade avec le trône, élégant, et la Princesse, juste-là. Mes pas résonnèrent dans la pièce et je sentis une certaine pression me conquérir. Je m'arrêtai à quelques mètres du trône, attrapant un morceau de ma robe violette et m'inclinai en me présentant. Princesse Zelda, je suis Malon Kavalo. Vous rencontrer est pour moi un honneur.

La princesse Zelda était encore plus belle que je ne me l'étais imaginée. Oui, aussi étonnant que cela puisse paraître, je ne l'avais jamais vue en réalité. Tout ce dont j'en avais vu, c'était des tableaux, quand je me promenais dans les rues de la citadelle. Une jeune femme au teint pâle, sans aucune imperfection. Des cheveux si clairs qu'ils sembleraient pouvoir dissoudre les ténèbres. Une paire d'yeux si bleus, si profonds et si doux, ce genre de regard qui nous transcende et qui nous guide jusque dans nos songes. C'était ce genre de choses que j'avais remarqué sur ses portraits. Mais en réalité, elle était encore plus belle.
Néanmoins, on m'avait aussi dit d'elle qu'elle était la meilleure des princesses que le Royaume ait connu. Je le compris à l'instant même où un sourire chaleureux éclaira ses lèvres, réchauffant mon coeur d'une douce chaleur et calmant son rythme effréné.
-La lettre est en effet arrivée à bon port. Dès sa réception, je me suis hâtée de venir vous rejoindre, lui expliquai-je, tandis que la princesse me faisait déjà un signe afin que je la suive. J'obéis sur le champ et lui emboîtai le pas. Rapidement, nous quittions la vaste salle du trône pour nous retrouver dans une pièce plus petite, plus calme. L'ambiance y était plus détendue et moins formelle. Un serviteur s'empressa de venir me proposer une boisson. Je faillis le renvoyer, voulant lui expliquer simplement que je pouvais me servir moi-même, mais Zelda me précisa que je pouvais commander ce dont je désirais. Je n'avais pas l'habitude de cela... Moi qui faisait toujours tout moi-même. J'étais très autonome et je n'aimais pas déléguer mes tâches. Ici en revanche... Je préférais ne pas paraître pour la fille de la campagne trop ignorante et je demandai simplement un thé aux herbes d'Hyrule.

Nous nous postâmes sur une grande fenêtre qui offrait une magnifique vue sur les jardins du Château. Couvert d'un mince manteau de neige, aucune plante ne pouvait y déployer ses feuilles ou ses fleurs, mais j'étais déjà subjuguée par sa grandeur. Tout semblait immense ici. Je peinais à m'y faire. Dans la pièce brûlait un agréable feu dans une cheminée et je sentis mon corps frissonner sous cette douce chaleur. Il faisait froid dehors et encore plus quand on galopait à grande vitesse dans les plaines. J'avais beau m'être couverte, cela n'avait pas vraiment suffi. Je m'étais si dépêchée afin d'arriver au plus vite que j'en avais oublié les choses réellement importantes. C'était également la raison pour laquelle j'avais demandé un thé au serviteur: afin de réchauffer mon corps endolori par le froid.
-Cette vue est sublime. Mais elle ne doit être en rien comparable durant la saison chaude, fis-je remarquer.